Une baignade qui finit mal à cause d’un tragique concours de circonstances. Le 12 juillet dernier, alors qu’il se baignait dans un lac artificiel de Caroline du Nord (États-Unis), un homme de 59 ans a été en contact avec une Naegleria fowleri, une amibe libre. Par malchance, ce micro-organisme unicellulaire a atteint son cerveau après avoir pénétré son organisme. Quelques jours plus tard, le quinquagénaire est décédé des suites de cette infection, selon le Département de santé et des ressources humaines de Caroline du Nord.
Les amibes sont des microbes qui se développent dans des eaux à plus de 25°C des pays tropicaux ou tempérés. On les retrouve dans toutes les eaux de baignade: eau libre, piscines, bains thérapeutiques et à remous, sites naturels alimentés par des eaux d’origine géothermale…Une fois dans les voies nasales du baigneur, N. fowleri traverse la muqueuse puis se déplace le long du nerf olfactif jusqu’au cerveau, entraînant alors des lésions.
C’est précisément ce qui est arrivé au baigneur. L’homme est décédé d’une méningo-encéphalite amibienne primitive consécutive à l’infection par l’amibe. Les symptômes de cette infection (maux de tête, raideurs au niveau du cou, vomissements, hyperthermie, troubles digestifs, de l’attention et de l’humeur), peu spécifiques, rendent le diagnostic difficile, ce qui retarde généralement la prise en charge des patients. Il n’existe de toute façon aucun traitement indiqué pour cette infection. Les rares guérisons ont été obtenues suite à l’administration d’un antibiotique antifongique (l’amphotéricine B) par voie intraveineuse.
Heureusement, cette infection est très rare. Dans un rapport publié en 2013, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en recensait 310 depuis les années 1960 dans le monde, dont plus de la moitié aux États-Unis et un seul en France. Il s’agissait d’un petit garçon de 9 ans décédé en avril 2008 en Guadeloupe suite à une baignade dans des eaux douces. Parmi tous les cas, seuls 11 ont connu une issue favorable. La grande majorité des patients infectés décèdent assez rapidement, entre 3 et 10 jours après le début des symptômes.
Néanmoins, pas de panique: les risques de contracter une telle infection sont faibles. Pour que l’amibe puisse faire des dégâts dans le cerveau, il est impératif qu’elle se faufile par le nez, lorsque la tête est plongée brutalement dans l’eau. Avalée, elle ne cause pas de dégâts. Toutefois, plusieurs réflexes permettent de minimiser les contacts.
Il est conseillé de limiter la quantité d’eau traversant le nez, par exemple en utilisant des pince-nez, ou en ne plongeant pas la tête sous l’eau. On peut également éviter les jeux d’eau durant les périodes où la température de l’eau est supérieure à 25 degrés et en particulier ne pas remuer les sédiments lors des baignades en milieux naturels. Il faudrait également éviter de plonger ou de sauter dans des bassins, sources et piscines d’eau chaude. Des conseils difficiles à mettre en œuvre en ces périodes de fortes chaleurs...