Dès ses origines grecques, la philosophie s'est intéressée à la nature, formant avec la culture une dialectique féconde, d'Aristote à Heidegger en passant par Descartes, pour ne citer qu'eux. Mais depuis l'industrialisation massive du XIXe siècle et ses conséquences, la nature est perçue comme fragile et menacée. Ce regard nouveau oblige à reposer les questions philosophiques et/ou morales que l'histoire des idées avait résolues : l'homme doit-il penser autrement ses relations avec la nature? Est-elle pour lui un paradis perdu qui altère son identité? Doit-il la protéger à tout prix, s'arranger avec les catastrophes, refonder une nouvelle éthique, concevoir de nouveaux idéaux politiques ? Cette synthèse, très documentée, permet de faire le point sur des enjeux que l'actualité rend chaque jour plus brûlants.
Walden ou la vie dans les bois (1854) est devenu le classique par excellence de la littérature sur la nature, bien au-delà du cercle écologiste. Ce chef-d'oeuvre au caractère initiatique a influencé des générations successives d'écrivains, depuis Proust ou Romain Rolland jusqu'à Jim Harrison qui déclarait que cet ouvrage avait sauvé sa vie. Walden est le récit du séjour de Thoreau dans une cabane au bord d'un étange du Massachusetts. Il s'agit d'une réflexion profonde sur le lien qui unit l'homme à la nature. Ces pages sont une exhortation à la simplification de la vie au contact des éléments : " En proportion de la manière dont on simplifiera sa vie, les lois de l'univers paraîtront moins complexes, et la solitude ne sera pas solitude, ni la pauvreté, pauvreté, ni la faiblesse, faiblesse. " L'hymne à la nature est une oeuvre de sagesse qui se range parmi les classiques de la spiritualité universelle.
Dans La Nature, sa première œuvre, Emerson expose avec lyrisme les principes philosophiques qui dirigeront toute son œuvre : la cohérence intime de l’univers, la plénitude et l’harmonie de l’esprit individuel, la correspondance symbolique entre lois naturelles et lois morales.
Dans la région des sables du Wisconsin, dans le nord-est des États-Unis, vit Aldo Leopold, forestier et écologiste. Son Almanach, "petit livre modeste et savant", publié à titre posthume en 1949, s'attache à décrire l'infinie beauté de la Grande Prairie, ses odeurs suaves et ses couleurs chamarrées. Considéré à l'égal du Walden de Thoreau, il s'est très vite imposé comme un classique des écrits consacrés à la nature et constitue l'un des textes fondateurs de l'écologie. "Le regard prophétique qu'Aldo Leopold a porté sur notre monde contemporain n'a rien perdu de son acuité, et la semence de ses mots promet encore la magie des moissons futures. Voilà un livre qui nous fait le plus grand bien" (J.M.G. Le Clézio).
L’homme, par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot, par son insouciance pour l’avenir et pour ses semblables, semble travailler à l’anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce. En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol, pour des objets qui satisfont son avidité du moment, il amène rapidement à la stérilité ce sol qu’il habite, donne lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y trouvaient leur subsistance, et fait que de grandes parties du globe, autrefois très fertiles et très peuplées à tous égards, sont maintenant nues, stériles, inhabitables et désertes. Négligeant toujours les conseils de l’expérience, pour s’abandonner à ses passions, il est perpétuellement en guerre avec ses semblables, et les détruit de toutes parts et sous tous prétextes : en sorte qu’on voit des populations, autrefois considérables, s’appauvrir de plus en plus. On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe in habitable.